27 mars 2025

Le microbiote vaginal : ces petites bêtes qui nous veulent du bien

Mesdames, connaissez-vous votre microbiote vaginal ?  Je vous entends déjà : le “micro-quoi” ? Mais si, vous en entendez parler partout en ce moment. Mais de quoi parle-t-on réellement ?

Il s’agit en fait d’une incroyable communauté de micro-organismes – bactéries, champignons et virus – qui vit en parfaite symbiose (enfin, la plupart du temps) dans votre vagin. Cet ensemble – aussi appelé flore vaginale – joue un rôle essentiel dans votre équilibre intime. Imaginez un peu : des milliards de ces petits alliés invisibles travaillent dur pour maintenir cet équilibre. C’est un peu comme une colonie de fourmis, mais en beaucoup plus petit, et avec des enjeux bien plus importants pour votre santé intime.

 

Historiquement, on parlait surtout de flore vaginale. Le terme de microbiote est apparu plus récemment avec les avancées technologiques qui ont permis d’étudier plus finement ces populations de micro-organismes. Mais l’idée est la même : un écosystème complexe et fragile, essentiel à votre bien-être.

 

La star de cet écosystème, c’est le lactobacille. Il en existe plusieurs types, chacun ayant son rôle à jouer. Mais il n’est pas seul ! On trouve aussi d’autres bactéries, des levures (comme le fameux Candida albicans, qui peut causer des mycoses si son équilibre est perturbé), et même quelques virus. Tout ce petit monde vit en symbiose, un peu comme dans une série télé dans laquelle des personnages très différents cohabitent, chacun apportant quelque chose d’unique à l’équilibre du groupe.

 

Le microbiote vaginal a plusieurs fonctions essentielles :

  • Il protège : il fait barrière contre les infections, en empêchant les “mauvaises” bactéries de s’installer.
  • Il maintient l’équilibre : il assure un pH vaginal optimal, entre 3.8 et 4.5 – donc acide ! Ce pH acide (mais pas trop) est nécessaire au bien-être de votre intimité.
  • Il participe à la digestion : et oui, même si on n’y pense pas, le microbiote vaginal joue un rôle dans la digestion, notamment en aidant à la production de certaines vitamines. 

 

Et là, vous vous demandez, quels sont les éléments qui interagissent avec ce microbiote.

  • Comme tout équilibre, il est fragile, à l’image du funambule sur son fil : les variations hormonales des différentes périodes de la vie (puberté, grossesse, ménopause) ont un impact important sur le microbiote. Les œstrogènes en particulier, favorisent la production de glycogène, une source de nourriture pour les lactobacilles, qui sont les principales bactéries bénéfiques du microbiote vaginal. Un taux d’œstrogènes suffisant contribue donc à un environnement vaginal acide et les fluctuations hormonales, comme celles qui se produisent pendant la puberté, la grossesse ou la ménopause, peuvent affecter  la composition du microbiote vaginal en modifiant la disponibilité du glycogène.
  • Une hygiène intime excessive ou inadaptée peut déséquilibrer le microbiote. Alors on reste simple, on ne se décape pas la vulve et on oublie les douches vaginales.
  • La prise d’antibiotique est également à surveiller car ils peuvent tuer les “bonnes” bactéries en même temps que les “mauvaises”.
  • Une alimentation déséquilibrée peut favoriser le développement de certaines bactéries pathogènes. On limite donc les aliments trop sucrés et transformés.
  • Le stress : et oui, le stress aussi peut avoir un impact sur votre microbiote ! Il peut entraîner une diminution de la diversité des espèces bactériennes bénéfiques, notamment des lactobacilles (oui, encore elles). Il peut également moduler la réponse immunitaire au niveau du vagin, ce qui peut affecter la capacité de l’organisme à contrôler les populations de micro-organismes dans le microbiote.
  • L’activité sexuelle peut également influencer directement le microbiote, en amenant de nouvelles bactéries (quelque soit la pratique sexuelle) mais aussi de par la nature basique du sperme, qui peut augmenter le pH vaginal (dans ce cas là, ça brûle après le rapport si l’éjaculation a eu lieu dans le vagin !) Normalement les lactobacilles travaillent pour remettre le pH à un bon niveau d’acidité mais parfois il n’y arrive pas.

 

Alors que se passe-t-il lorsque que ça déraille ? Eh bien on appelle cela une dysbiose !

Cela peut se traduire par différents symptômes comme des pertes inhabituelles : plus abondantes ou de couleur ou d’odeur différentes et/ou des sensations désagréables au niveau de la vulve et du vagin (comme des irritations ou des démangeaisons) et ça peut aller jusqu’à des infections (mycoses, vaginoses bactériennes, IST,…)

Alors, si vous pensez avoir une dysbiose, il est important de consulter un professionnel de santé, qui pourra vous faire un examen et vous proposer un traitement adapté (antimycosique, antibiotique, probiotique…).

Surtout pas d’automédication qui pourrait aggraver la situation !

 

Quelques petits conseils pour prendre soin de son microbiote :

  • Tout d’abord – et oui je me répète – votre hygiène intime doit être douce, utilisez un produit doux, sans parfum, voire sans savon et lavez-vous uniquement l’extérieur du vagin. Au passage, le savon de Marseille n’a rien de doux ! Et va en plus vous dessécher les muqueuses (car il contient trop de glycérine).
  • Prenez garde à votre alimentation, privilégiez les aliments riches en fibres, en probiotiques (yaourts, légumes fermentés) et en prébiotiques (oignons, poireaux, bananes). Vous pouvez vous supplémenter en probiotique en cure ou en entretien, ils peuvent aider à renforcer le microbiote.
  • En ce qui concerne la sexualité, si vous avez plusieurs partenaires ou pas de partenaire régulier, utilisez des préservatifs masculins ou féminins. 
  • Hydratez bien votre vulve et/ou votre vagin comme tout le reste de votre corps. La sécheresse donne également des sensations désagréables de tiraillement, de démangeaison et d’irritation (parfois accompagnées de pertes grumeleuses qui ressemblent à du lait caillé, car la muqueuse desquame !). Si vous êtes en préménopause ou ménopausée, n’hésitez pas à utiliser des crèmes vulvaires et des ovules vaginaux à base d’œstrogènes, ils vous aideront à renforcer votre microbiote et amélioreront votre confort. N’ayez pas peur, ce sont des traitements locaux .

 

Et n’oubliez pas, si vous pensez avoir une mycose ou une infection, allez voir le médecin ou le gygy. Pas d’auto-traitements (même s’il en reste dans le tiroir de la salle de bain, je vous connais !)

Pour conclure, le microbiote vaginal – ou flore vaginale – est un élément essentiel de la fertilité et de la santé féminine. C’est un peu comme un jardin secret : il faut en prendre soin pour qu’il soit florissant. Alors, mesdames, chouchoutez votre microbiote, il vous le rendra bien !

 

Sources
Chloé, M., Madjid, M., Gimenez, É., Stéphanie, H., & Jean-Philippe, L. (2024). Influence des facteurs liés au mode de vie sur la composition du microbiote vaginal. Revue Francophone des Laboratoires2024(563), 61-70.
Surbone, A., Pache, B., & Mathevet, P. (2022). Microbiote vaginal et vaginose [Vaginal microbiota and vaginosis]. Revue medicale suisse18(800), 1941-1949.
Dumont, Y., Jean-Pierre, H., & Godreuil, S. (2020). Le microbiote vaginal, déséquilibre et impact. Revue Francophone des Laboratoires2020(527), 55-63.

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