19 janvier 2024

Prolapsus de la vessie : quelles solutions ?

Le prolapsus de la vessie, appelé cystocèle, est une pathologie fréquente du périnée chez la femme.

Le prolapsus génital touche environ une femme sur deux au cours de sa vie, et la cystocèle est le prolapsus le plus fréquent (environ 80% des prolapsus).

Dans cet article, nous allons examiner en détail ce qu’est une cystocèle, les symptômes et les causes qui lui sont associés, et explorer les différentes solutions disponibles pour son traitement.

Parce que la bonne nouvelle, c’est que :

  • La cystocèle n’est pas grave (sauf rarissimes exceptions)
  • La cystocèle peut être traitée efficacement !

 

Qu’est ce qu’une cystocèle ?

La cystocèle, également connue sous le nom de prolapsus de la vessie, est une pathologie fonctionnelle caractérisée par la descente de la paroi antérieure du vagin, entraînant le déplacement de la vessie hors de sa position anatomique normale. Cette descente résulte d’un affaiblissement des structures de soutien de la sangle pelvi-périnéale, comprenant des muscles, des ligaments, et du tissu conjonctif.

Les principales composantes anatomiques impliquées dans la cystocèle comprennent le fascia endopelvien, qui est une couche de tissu conjonctif enveloppant les organes pelviens, ainsi que les muscles élévateurs de l’anus et le fascia pubocervical. Un certains nombres de facteurs et d’événements dans la vie d’une femme peuvent contribuer à l’affaiblissement de ces structures de soutien, créant ainsi un environnement propice à la descente de la vessie dans le vagin.

Les symptômes de la cystocèle comprennent une sensation de pesanteur ou de pression dans le vagin, des difficultés à uriner, des fuites urinaires, et parfois la visualisation ou la palpation d’une masse vaginale. La classification de la sévérité de la cystocèle repose souvent sur des échelles telles que la classification de Baden-Walker, qui évalue le degré de descente des organes pelviens.

Le diagnostic du prolapsus de la vessie est clinique, et se fait en consultation par simple toucher vaginal, généralement avec une “manoeuvre des valves”, c’est-à-dire avec l’aide d’un demi spéculum en plastique permettant de mieux mettre en évidence la saillie de la vessie dans le vagin. Les examens cliniques peuvent être complétés par des investigations comme l’échographie pelvienne et la cystoscopie, pour évaluer l’étendue de la descente de la vessie et exclure d’autres pathologies associées. Un bilan urodynamique sera également fréquemment réalisé.

Il nous semble important de souligner que, bien qu’elle puisse engendrer des symptômes inconfortables et altérer fortement la qualité de vie, la cystocèle n’est généralement pas grave d’un point de vue médical. La cystocèle, en soi, ne met pas la vie en danger, ce qui permet une approche plus pragmatique et moins urgente pour son traitement. Toutefois, chaque situation est unique. Il reste important que chaque femme consulte un professionnel de la santé pour obtenir un diagnostic précis et discuter des meilleures options de traitement. Ignorer les symptômes ou retarder la recherche de soins peut potentiellement aggraver la cystocèle et affecter davantage la qualité de vie – ou masquer d’autres pathologies.

Il existe un éventail de solutions thérapeutiques très efficaces, allant de la rééducation du plancher pelvien aux options chirurgicales, en passant par les pessaires, offrant aux femmes des choix adaptés à leur situation et à leurs préférences. Ces options permettent généralement de gérer efficacement les symptômes et de restaurer la fonction pelvienne. En traitant la cystocèle, il est presque toujours possible d’améliorer significativement la qualité de vie de la patiente.

 

Les causes de la cystocèle

Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développement d’une cystocèle.

  • Grossesse et accouchements : La grossesse et l’accouchement sont des facteurs majeurs de risque de cystocèle. Pendant la grossesse, l’utérus en croissance exerce une pression accrue sur le plancher pelvien, et le processus d’accouchement peut causer des lésions aux muscles, aux ligaments et aux tissus de soutien pelviens, affaiblissant ainsi ces structures. Les femmes qui ont eu plusieurs grossesses ou des accouchements difficiles, impliquant souvent l’utilisation d’instruments tels que des forceps, ont un risque accru de développer une cystocèle. Ces facteurs augmentent la pression sur le plancher pelvien, contribuant à l’affaiblissement des structures de soutien.
  • Changements hormonaux : L’un des facteurs hormonaux les plus importants associés à la cystocèle est la ménopause. Pendant la ménopause, la production d’œstrogène, une hormone qui contribue au maintien de l’élasticité et de la tonicité des tissus, diminue de manière significative. Cette diminution d’œstrogène peut entraîner une atrophie des tissus pelviens, affaiblissant ainsi les structures de soutien du plancher pelvien et augmentant le risque de cystocèle. Les niveaux hormonaux subissent d’importants changements pendant la grossesse et le post-partum. Les hormones, y compris l’œstrogène et la progestérone, contribuent à la relaxation des muscles utérins en vue de l’accouchement. Cela peut également affecter les muscles du plancher pelvien, augmentant le risque de faiblesse post-partum et, éventuellement, de cystocèle.
  • Vieillissement : Le vieillissement naturel entraîne une diminution de l’élasticité des tissus, y compris ceux du plancher pelvien. Cela peut conduire à un affaiblissement progressif des muscles et des ligaments pelviens, augmentant le risque de descente de la vessie.
  • Obésité : Le surplus de poids exerce une pression supplémentaire sur les muscles et les tissus de soutien du plancher pelvien, augmentant le risque de cystocèle. La gestion du poids peut jouer un rôle important dans la prévention de cette condition.
  • Hérédité et prédisposition génétique : Certaines femmes peuvent avoir une prédisposition génétique à développer des prolapsus. Si des membres de la famille ont eu des antécédents de cystocèle ou d’autres types de prolapsus, cela peut accroître le risque, de même que certaines maladies et anomalies des tissus conjonctifs comme le syndrome d’Ehlers-Danlos.
  • Chirurgie pelvienne antérieure : Des interventions chirurgicales antérieures, telles que l’ablation de l’utérus (hystérectomie) ou des interventions pour traiter des troubles tels que l’incontinence urinaire, peuvent altérer la structure et la fonction du périnée, augmentant le risque de prolapsus.
  • Toux chronique : Une toux fréquente et chronique, souvent associée au tabagisme ou à certaines pathologies pulmonaires, peut augmenter la pression intra-abdominale, affectant ainsi les structures de soutien du plancher pelvien.
  • Constipation chronique : La constipation est l’ennemi numéro 1 du périnée. Lorsqu’elle s’installe, elle contribue à développer de mauvaises habitudes de poussées lors de la défécation et à l’affaiblissement des structures de soutien du périnée. Le risque de cystocèle ou plus largement de prolapsus s’en trouve accentué.

Il est important de noter que plusieurs de ces facteurs doivent généralement agir de manière combinée pour augmenter le risque de cystocèle.

 

Les symptômes de la cystocèle

Les symptômes d’une cystocèle peuvent varier d’une personne à l’autre, et ne sont pas toujours corrélés à l’importance du prolapsus. Certaines femmes dont la vessie descend très légèrement sont très gênées par leurs symptômes, d’autres dont la vessie descend beaucoup plus peuvent ne pas être gênées.

Sensation de pression ou de pesanteur pelvienne : Les femmes atteintes de cystocèle peuvent ressentir une gêne ou une pression dans la région pelvienne, souvent décrite comme une sensation de poids ou de lourdeur au niveau du vagin. Cette sensation peut être plus prononcée après des périodes d’activité physique, de piétinement prolongé, ou à la fin de la journée.

Boule vaginale : Dans certains cas, une masse vaginale peut être visible ou palpable, surtout pendant la position debout ou lors de la poussée lors de la défécation. Il s’agit tout simplement d’une hernie formée par la descente de la vessie dans la paroi vaginale.

Impériosité urinaire : Les femmes porteuses de cystocèle peuvent éprouver une des impériosités urinaires (urgenturies) caractérisée par des envies fortes, soudaines et irrépressibles d’uriner. Cela peut être déclenché par la pression exercée sur la vessie en raison de son déplacement dans le vagin, et par une hyperactivité vésicale déclenchée ou renforcée par la descente de la vessie. L’impériosité urinaire peut conduire à des situations d’urgence où il devient difficile de différer la miction.

Fuites urinaires à l’effort : Il est possible d’observer une incontinence urinaire d’effort associée au prolapsus de la vessie, en particulier lors d’activités telles que la toux, les éternuements, le rire, ou l’exercice physique. A l’inverse, il est fréquent qu’une incontinence urinaire d’effort soit masquée par la descente de la vessie, et réapparaisse une fois que la cystocèle est corrigée.

Dysurie : La cystocèle peut également être associée à des symptômes de dysurie, c’est-à-dire des difficultés à commencer ou à terminer la miction, une sensation de vidange incomplète de la vessie, ou une miction douloureuse. Ces symptômes peuvent résulter de la pression exercée sur l’urètre et de la perturbation de la fonction normale de la vessie.

Le prolapsus est une pathologie fluctuante, avec des symptômes fluctuants en fonction d’un certain nombre de facteurs : fatigue, activités physiques, … Certaines femmes peuvent constater une augmentation des symptômes de cystocèle pendant certaines phases de leur cycle menstruel, du fait de l’impact des fluctuations hormonales sur les tissus vaginaux et la sphère génito-urinaire.

 

Cystocèle et infections urinaires

La cystocèle, en provoquant le déplacement de la vessie de sa position normale, peut contribuer à une stagnation de l’urine dans la vessie, ce qui crée un environnement favorable à la prolifération bactérienne. Cela peut prédisposer les femmes à des infections urinaires à répétition.

On vous explique comment !

En raison de la descente de la vessie, la vidange complète de l’urine devient souvent difficile. L’urine résiduelle qui reste dans la vessie après la miction fournit un milieu propice à la croissance des bactéries. Cette rétention urinaire partielle peut augmenter le risque d’infections urinaires en permettant aux bactéries de se multiplier dans l’urine stagnante.

La cystocèle peut également exercer une pression sur l’urètre, le tube qui transporte l’urine de la vessie vers l’extérieur du corps. Cette pression peut entraîner une obstruction partielle de l’urètre, limitant le flux urinaire normal. Une évacuation incomplète de l’urine peut également contribuer à la rétention et à la prolifération bactérienne.

Enfin, les changements anatomiques liés à la cystocèle peuvent affecter la réponse immunitaire locale de la vessie. Un affaiblissement de cette réponse immunitaire peut rendre la vessie plus vulnérable aux infections bactériennes.

En raison de ces facteurs, les femmes atteintes de cystocèle peuvent présenter un risque accru d’infections urinaires récurrentes. Il est important de noter que bien que la cystocèle puisse favoriser ces infections, elle n’est pas la seule cause possible. D’autres facteurs tels que la déshydratation, le diabète, les rapports sexuels fréquents, et les antécédents familiaux d’infections urinaires peuvent également contribuer à la récurrence de ces infections. Il est indispensable d’effectuer des analyses complètes.

Le complément alimentaire pour contrer les gênes urinaires

Le complément alimentaire Hollis Urinaire est une combinaison synergique de plantes, de D-Mannose et de souches microbiotiques conçue pour :

  • Agir en synergie avec les traitements allopathiques afin de déloger les pathogènes présents dans la sphère urinaire
  • Limiter à court terme l’apparition de nouvelles gênes urinaires
  • Favoriser les processus d’élimination au niveau rénal
  • Réensemencer la flore avec deux souches documentées de Lactobacilles

Les solutions pour traiter la cystocèle

Heureusement, il existe plusieurs options de traitement efficaces pour le prolapsus de la vessie, adaptées aux besoins de chaque femme.

On vous détaille ici les différentes options thérapeutiques à votre disposition. La Haute Autorité de Santé recommande en première intention les traitements dits “conservateurs” (la rééducation et l’utilisation d’un pessaire), et seulement en seconde intention si tel est le souhait de la patiente, l’option chirurgicale. Consulter les recommandations de la Haute Autorité de Santé ➔ 

La prise en charge du prolapsus de la vessie implique une approche globale et multidisciplinaire.

La rééducation abdo-pelvi-périnéale

L’efficacité de la rééducation dans l’amélioration des symptômes du prolapsus est démontrée. Elle permet à la femme de prendre conscience de leur périnée, de s’approprier de bonnes pratiques respiratoires, posturales et musculaires, mais aussi nutritionnelles, et de corriger un certain nombre de “mauvaises habitudes” pour adopter une hygiène de vie favorable à une bonne santé périnéale. L’éducation à la santé pelvi-périnéale est donc toujours la première étape de toute rééducation, et elle suffit déjà à elle-seule à améliorer la qualité de vie.

Attention : la rééducation du prolapsus ne se limite pas au renforcement du périnée ! Il est parfois au contraire nécessaire d’apprendre à relâcher un périnée hypertonique.

Des associations de rééducateurs spécialisés existent, avec des annuaires qui peuvent vous permettre de vous orienter pour obtenir une bonne rééducation près de chez vous : Consulter l’annuaire de l’AFRePP (Association Française de Rééducation en Pelvi-périnéologie)

Le pessaire

Un pessaire est un dispositif médical en silicone qui est inséré dans le vagin pour soutenir la vessie et la repositionner à sa place initiale. Il aide à maintenir les structures anatomiques en place, réduisant ainsi les symptômes associés à la cystocèle.

Les pessaires sont disponibles dans différentes formes et tailles, et le choix du type de pessaire dépend des besoins individuels et des symptômes de chaque patiente. Le pessaire doit donc être déterminé en consultation avec un professionnel de santé spécialisé, et doit lui aussi faire l’objet d’une éducation.

Ce petit dispositif a fait ses preuves depuis très longtemps, et les études montrent des taux d’efficacité et de satisfaction de l’ordre de 90%, avec très peu de risques d’effets indésirables si on applique quelques règles d’or.

Les règles d’or du Pessaire

Lorsqu’on utilise un pessaire, il y’a 4 règles d’or à respecter pour un confort optimal :
1. Assurer la bonne hydratation de la muqueuse vulvo-vaginale
2. Maintenir une flore intime en bonne santé
3. Se débarrasser de sa constipation et adopter une bonne posture aux toilettes
4. Prendre conscience et rééduquer son périnée

Le pessaire est géré en autonomie par la majorité des femmes de manière simple et confortable. Il est généralement possible d’avoir des rapports sexuels avec le pessaire, et il est possible de l’intégrer parfaitement à toutes les dimensions de votre vie de femme (sport, contraception, cycle menstruel, grossesse…)

Consulter notre section dédiée
Pessaire et vie de femme

 

La chirurgie

Si les traitements conservateurs de première intention ne sont pas satisfaisants pour la patiente, la chirurgie peut être envisagée. Il existe plusieurs approches chirurgicales, qui font également l’objet de recommandations par la Haute Autorité de Santé. La décision d’opter pour une intervention chirurgicale dépend de divers facteurs, y compris la santé générale de la patiente, sa préférence, et la gravité de la cystocèle.

 

Conclusion

La cystocèle peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des femmes, mais il est essentiel de comprendre qu’il existe des solutions efficaces. Si vous pensez avoir une cystocèle ou ressentez des symptômes similaires, consultez un professionnel de la santé (gynécologue, urologue, sage-femme, kinésithérapeute spécialisé en rééducation périnéale). Ensemble, vous pourrez élaborer une stratégie thérapeutique personnalisée, adaptée à vos besoins personnels, pour restaurer votre confort au quotidien et vous permettre de mener une vie active et épanouissante.

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