Pourquoi est-il indispensable d’entretenir la bonne santé de la muqueuse vaginale ?

Avez-vous déjà entendu parler de sécheresse vaginale ou d’atrophie vulvo-vaginale ? Ces phénomènes qui touchent notre muqueuse vulvo-vaginale sont fréquents et jouent un rôle très important dans la santé et le confort sexuels, mais aussi dans les troubles de la statique pelvienne (prolapsus, incontinence urinaire) et leurs symptômes. Et ils jouent également sur l’efficacité des traitements, notamment du pessaire.

Un pessaire mal toléré ? Qui génère des irritations, ou ne tient pas bien en place malgré des essais en consultation ? Des difficultés à trouver le bon pessaire ? La plupart du temps, ces problèmes sont résolus en restaurant tout simplement la trophicité de la muqueuse.

C’est pourquoi il nous a semblé important de vous expliquer plus en détails de quoi il retourne et pourquoi est-ce qu’il est indispensable de prendre soin de la santé de sa muqueuse vulvo-vaginale. Notre équipe vous propose de mieux comprendre la physiologie de nos muqueuses, afin de comprendre et d’aborder les solutions à envisager, qu’elles soient ponctuelles ou en traitement de fond.

 

 

Il était une fois la muqueuse vaginale

 

Notre vagin, cette cavité d’apparence peu complexe, est en réalité un écosystème à lui seul, dont la santé dépend d’un équilibre bien établi.

Tapissé d’une muqueuse souple et élastique reliant la vulve au col de l’utérus, il est lubrifié par les glandes de Bartholin se situant à son entrée, qui produisent un mucus auquel s’ajoute un liquide aqueux issu de la transsudation, notamment en cas d’excitation sexuelle (c’est-à-dire que de l’eau venant du sang passe à travers les membranes de la muqueuse afin de la lubrifier). A ces sécrétions naturelles s’ajoutent la glaire cervicale, issue des cellules du col, dont la texture, l’abondance et l’aspect varient, et qui joue un rôle majeur dans le cadre de la reproduction. 

L’ensemble de ces sécrétions vaginales permet la lubrification, évitant les échauffements liés à d’éventuels frottements, contrôle partiellement la fertilité, et permet également au vagin de s’auto-nettoyer. Sont ainsi évacués dans nos “pertes” des cellules mortes, des agents pathogènes, du sperme etc.

 

Des habitants très actifs

Nos muqueuses n’agissent cependant pas seules : l’équilibre du vagin repose en grande partie sur le travail d’un ensemble de bactéries lactiques, les lactobacilles, qui colonisent le vagin à partir de l’adolescence. Ce microbiote porte le doux nom de flore de Döderlein. 

La qualité et la composition de cette flore varie d’une femme à l’autre. Notre microbiote vaginal est responsable du maintien d’un pH acide (entre 4 et 4,5), en convertissant le glycogène sécrété par les cellules vaginales en acide lactique. Le maintien de ce pH permet de préserver le vagin des infections bactériennes, mycosiques, et d’agents pathogènes divers, pouvant tout à fait être à l’origine des symptômes de sécheresse précités.

 

Le rôle central des hormones

Enfin, le chef d’orchestre de cette activité vaginale, celui que vous attendiez tou.te.s : l’équilibre hormonal. 

A l’adolescence, lorsque les ovaires commencent à produire des œstrogènes, les cellules vaginales prolifèrent, formant une muqueuse plus épaisse. La muqueuse ainsi vascularisée reçoit nutriments et messages hormonaux en abondance, ce qui permet aux tissus une bonne croissance et un renouvellement cellulaire permanent : c’est ce qui définit une bonne trophicité de la muqueuse. Elles sécrètent le glycogène dont se nourrissent les lactobacilles, attirant ainsi les bactéries déjà présentes dans le rectum vers ce nouveau milieu où leur carburant est abondant. Le cycle hormonal devient le métronome de l’activité utérine et de la production de glaire cervicale. 

Qualité de la muqueuse, équilibre du microbiote, abondance des sécrétions… La santé et la fonctionnalité de la muqueuse vaginale sont hautement dépendantes de l’imprégnation oestrogénique jusqu’à la ménopause, caractérisée par l’arrêt de la production d’œstrogènes par les ovaires. Celle-ci s’accompagne donc fréquemment de modifications physiologiques comme une augmentation du pH, une atrophie progressive de la muqueuse et la fameuse sécheresse vaginale.

 

 

Muqueuse vaginale, prolapsus et pessaires : quel rapport ?

 

Lors de la prise en charge du prolapsus, une grande partie voire la totalité des symptômes peut être corrigée par la mise en place d’un pessaire adapté. Or, certaines d’entre nous choisissent un pessaire qu’elles peuvent mettre et retirer en toute autonomie et au quotidien. Une muqueuse sèche et fragile peut rapidement souffrir de ces manipulations fréquentes, et va nécessiter l’usage d’un bon lubrifiant à base d’eau, et éventuellement d’un gel hydratant ou d’un traitement hormonal, en fonction de l’état de la trophicité de la muqueuse.

Plus largement, les femmes qui utilisent un pessaire et ont atteint la ménopause – et ont donc une muqueuse statistiquement plus fragile, plus fine, moins élastique, voire atrophiée – peuvent de ce fait ressentir un inconfort, soit lors de la manipulation du pessaire, soit lorsqu’elles le portent. Il est donc important, pour assurer le succès d’un projet de pessaire, de s’assurer de la bonne tolérance de la muqueuse à l’installation de celui-ci : une muqueuse irritée ou fragile ne sera pas une candidate très propice à la mise en place du pessaire, ni à la qualité de son maintien. Une muqueuse fine et déshydratée aura tendance à s’irriter plus facilement au contact du pessaire, ou à produire de petits saignements ou des pertes abondantes et parfois gênantes. Et la perte d’élasticité qui va avec peut empêcher un pessaire de tenir en place, et donc de remplir son rôle.

C’est pourquoi, même si vous ne ressentez pas habituellement de symptômes liés à une sécheresse intime, prendre soin de votre muqueuse vaginale garantit votre confort et l’efficacité du pessaire. Et c’est pourquoi les professionnels de santé vérifient l’état de la trophicité de la muqueuse, et prescrivent généralement un traitement local, hormonal ou non, avec un pessaire.

Il est recommandé de démarrer ce traitement local quelques semaines avant la consultation, ce qui permet de bien préparer la muqueuse et de réaliser des essais concluants… et plus confortables 🙂

Enfin, un aspect rarement mentionné mais pourtant rapporté par de nombreux spécialistes et études, l’entretien d’une bonne trophicité de la muqueuse peut déjà contribuer à réduire les symptômes d’un prolapsus, ou les fuites urinaires ! Les sensations de frottements et d’irritation diminuent, la résistance des tissus à la pesanteur des organes est améliorée, et l’efficacité du pessaire est optimisée.

 

 

Sécheresse vulvo-vaginale : pourquoi moi, et que faire ?

 

Vous… et beaucoup d’autres avec vous

Irritations, brûlures, démangeaisons, douleurs lors des rapports sexuels ou inconfort vestimentaire, ces symptômes tristement familiers sont loin de ne concerner que vous : ils accompagnent une femme sur 2 au quotidien à partir de 50 ans, et pas loin d’une femme sur 6 de manière ponctuelle. On parle alors de sécheresse intime, ou de sécheresse des muqueuses vulvo-vaginales.

Une problématique plutôt répandue au vu des chiffres, mais pourtant taboue : seulement 17% des femmes entendent parler de sécheresse vaginale par leurs proches, et moins de 40% des femmes touchées osent en parler à leur partenaire, pourtant directement concerné(e), ne serait-ce que par l’impact sur l’intimité sexuelle. Enfin, près de 60% des femmes ne traitent pas leurs symptômes (que dire alors des causes !), ⅓ d’entre elles par méconnaissance de ce dont elles souffrent. (1)

Si les professionnels de santé abordent largement la question, la diffusion et le partage d’information sur l’existence de solutions peuvent toutefois nous permettre de choisir d’aller consulter plutôt que d’accepter l’inconfort, ou de prendre soin de soi de façon autonome grâce à des solutions indiquées ou recommandées.

 

Rechercher la cause pour trouver votre solution

Sécheresse ponctuelle ou installée, seule ou accompagnée d’infections à répétition… Votre coupable se trouve dans cette liste :

 

          1. Un déficit oestrogénique

 

CAUSE 1 : la ménopause. 

La trophicité, l’élasticité et la vascularisation de la muqueuse sont directement altérées, mais également le maintien d’une flore saine.

Que faire ?

Il existe des gels à fort pouvoir hydratant, à base d’acide hyaluronique, sans hormones. Commercialisés sous forme de tube, en canules mono-doses, ou en ovules, ils peuvent être formulés avec de l’aloe vera ou des huiles végétales et ne contiennent pas d’hormone. L’acide hyaluronique est une molécule naturellement présente dans nos tissus mais dont la quantité décroît avec l’âge. Il stocke jusqu’à 17 fois son poids en eau. Il maintient ainsi les muqueuses hydratées, et accélère la cicatrisation en cas d’irritations ou de brûlures. Quelle que soit la cause de la sécheresse vaginale, ces produits apaisent l’inconfort qui en découle.

Si ces produits ne suffisent pas, il peut être nécessaire de passer à un traitement hormonal.

Un traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS ou THM) peut vous être proposé par votre médecin ou gynécologue. Il associe oestrogènes et progestérone et permet de compenser la chute de production hormonale et l’atrophie progressive des muqueuses. Sachez que des effets secondaires sont fréquemment rapportés, il s’agit donc de faire un choix selon votre propre ressenti. Par ailleurs, il existe certaines contre-indications (antécédents de cancers hormonodépendants notamment).

Il existe également des traitements hormonaux locaux, sous forme d’ovules, de crèmes ou d’anneau vaginal. Ces traitements ont beaucoup moins de contre-indications et agissent uniquement en local pour restaurer la trophicité de la muqueuse, ils n’ont donc pas d’effets secondaires systémiques.

D’autres solutions sans hormones (ni phyto hormones) permettent de contribuer à réduire l’inconfort : la supplémentation en oméga 6 issus d’huile d’onagre et de bourrache, l’injection d’acide hyaluronique sur plusieurs séances ou un traitement au laser fractionné sont également proposés pour améliorer la trophicité de la muqueuse et lutter contre son vieillissement.

A noter : les seuls traitements pris en charge par l’Assurance Maladie sont les traitements à base d’hormones.

Pour une utilisation plus ponctuelle lors de rapports sexuels ou de l’introduction de dispositifs intravaginaux, des gels lubrifiants de haute qualité et respectueux de la muqueuse peuvent également s’avérer nécessaire.

Nous avons sélectionné pour vous quelques produits, pour leur efficacité et la qualité irréprochable de leur composition, cliquez ici pour les consulter.

 

CAUSE 2 : période prémenstruelle et menstruelle

Certaines femmes peuvent ressentir un inconfort ressemblant à une infection mycosique sans toutefois que la flore ne soit touchée. Les ovules antifongiques ou probiotiques ne corrigent donc pas les symptômes. Ils sont liés à une baisse naturelle d’œstrogènes au cours du cycle hormonal, plus marquée chez certaines femmes.

Que faire ?

Un accompagnement naturel sur l’hygiène de vie peut réguler ce déficit léger, avec un nettoyage du foie, des infusions de sauge, le renforcement des glandes surrénales et une gestion du stress chronique. Lorsque les pertes sont peu abondantes ou en amont des menstruations, l’application de gel ou d’ovules à l’acide hyaluronique constitue un remède rapide et efficace pour réhydrater et apaiser la muqueuse irritée.

 

CAUSE 3 : l’allaitement

Par la production d’une hormone appelée prolactine, l’allaitement a également un effet inhibiteur sur la production des œstrogènes, pouvant déséquilibrer temporairement la lubrification vaginale ou perturber la flore, rendant le terrain vulnérable aux sécheresses, aux irritations, aux mycoses ou aux infections bactériennes.

Que faire ?

Les solutions anti-symptomatiques en local restent la meilleure alternative dans cette situation.

 

          2. Un déséquilibre du microbiote

 

Il peut être lié à un déficit en œstrogènes (dans ce cas, se référer aux solutions ci-dessus), mais pas seulement. La prise d’antibiotiques intervient en première cause d’une perturbation de la flore, suivie par le stress chronique, une hygiène intime inadaptée (souvent excessive, rappelons-nous que le vagin ne se lave pas, il se nettoie tout seul !), des règles très abondantes, le tabac, la grossesse. 

Lorsque la flore est affaiblie, elle laisse place au développement de champignons ou à la colonisation de bactéries, créant une dysbiose. Les infections mycosiques et bactériennes diffèrent par leur nature et donc par leur traitement. L’infection bactérienne se démarque par une odeur caractéristique de poisson pourri. Elle s’installe lorsque le pH s’alcalinise (augmente), et se traite par antibiotique. Les symptômes demeurent malgré l’automédication, et un diagnostic est souvent requis. L’infection mycosique, plus fréquente, s’installe en milieu très acide et se traite par des antifongiques. Des ovules et gels sont à disposition en pharmacie. Ces infections entraînent des symptômes d’irritations, démangeaisons, inconfort voire brûlures.

Que faire ?

La prise de probiotiques vaginaux permet de repeupler le microbiote, de le renforcer, et d’éliminer l’intrus. Sous forme d’ovules mais aussi par voie orale en cure d’un mois, la prise de probiotiques associés à des prébiotiques peut tout à fait se faire en prévention une à 4 fois par an. Nous ne sommes pas toutes égales en termes de qualité de microbiote, et certaines femmes sont naturellement plus vulnérables au déséquilibre.

 

          3. Une hygiène intime inadaptée

 

 

On va la faire courte : le vagin est autonettoyant, tout simplement. Dites au revoir aux douches vaginales, et à l’idée que le vagin est sale si on ne le lave pas.

Que faire ?

On lave la vulve à l’eau, si besoin on privilégie des gels lavants intimes tout doux et adaptés pour la vulve, on s’équipe éventuellement d’une lingerie confortable en coton. Et c’est tout.

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          4. La prise de certains médicaments

 

 

Antidépresseurs, antihistaminiques, antihypertenseurs, chimiothérapies, traitements anti acné, traitement anti-oestrogénique lors de cancers hormonodépendants, certaines pilules contraceptives… Leurs leviers d’action sont multiples et complexes, et ils peuvent tous entraîner une sécheresse des muqueuses. Certains par action atropinique, d’autres en augmentant la production de prolactine, parfois en bloquant volontairement la production d’œstrogène à des fins contraceptives ou thérapeutiques.

Que faire ?

En dehors des solutions déjà évoquées comme le gel à l’acide hyaluronique, seuls les médecins sont habilités à voir avec vous comment adapter au mieux votre traitement pour pallier cet effet secondaire.

 

 

Et une activité sexuelle (seule ou à 2) régulière

 

Enfin, on l’ignore trop souvent : une activité sexuelle régulière peut contribuer à prévenir l’atrophie vulvo-vaginale et le fameux SGUM (syndrome génito-urinaire de la ménopause), qui s’accompagne souvent de sécheresse intime.

Une activité sexuelle régulière  permet  l’augmentation  de  la  vascularisation  vaginale,  une  distension  vaginale  et  un  apport  de  prostaglandines et d’acides gras. 

Et s’il n’est pas possible d’avoir des rapports sexuels, l’utilisation régulière d’un sex-toy, et en particulier d’un vibromasseur, fonctionne très bien aussi ! (2)

 

 

En conclusion

 

La prise en charge de l’atrophie vulvo-vaginale ou d’une sécheresse vaginale est importante, pour de multiples raisons : épanouissement sexuel, inconfort au quotidien, prévention de dysbiose ou d’infection urinaire, amélioration des symptômes des troubles de la statique pelvienne (prolapsus, incontinence urinaire)…

Et elle est indispensable pour l’efficacité et la bonne tolérance de votre pessaire !

Parlez-en à votre médecin, à votre pharmacien.ne, aux femmes de votre entourage… et regoûtez au confort.

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Sources

  1. https://www.crpce.com/actualites/la-secheresse-vaginale-un-trouble-frequent-mais-encore-tabou
  2. La ménopause en pratique, Chap. 18, Syndrome génito-urinaire de la ménopause – Claude Hocké © 2019, Elsevier Masson

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