
Constipation : Quand les intestins décident de faire grève
Mesdames, et une fois n’est pas coutume, messieurs (eh oui vous êtes aussi concernés !), bienvenue dans le monde merveilleux (et parfois un peu douloureux) de la constipation.
Si vous avez l’impression que vos intestins se sont mis en grève et que votre digestion et/ou vos passages aux toilettes sont devenus un véritable parcours du combattant, vous êtes au bon endroit. Je vais vous expliquer les embarras du ventre, les galères des toilettes mais surtout nous allons parler solutions (parce qu’on ne va pas se laisser faire par un intestin capricieux, hein ?).
Tout le monde est concerné, ou presque, (hommes, femmes, enfants). C’est drôle comme lorsqu’on parle constipation, tout le monde se met à rougir ou à rire. En tout cas, ça ne laisse personne indifférent. En gros, 20% de la population est concernée avec une petite préférence pour les femmes, je vous l’accorde (jusqu’à 50% des femmes !). Autant dire que si vous êtes une femme, vous avez de fortes chances de connaître un jour ou l’autre les joies de la constipation. Mais pas de panique, on est là pour vous aider !
Pour commencer de quoi parle-t-on, parce que constipation, ça veut tout dire et rien dire !
Pour résumer, il existe 2 grands mécanismes de constipation :
D’abord, la constipation de transit, c’est un peu comme si votre train de la digestion avait décidé de faire une pause prolongée en gare. Les aliments n’avancent pas aussi rapidement qu’ils le devraient dans le tube digestif. En gros, ça traîne ! Ça provoque des symptômes pas très agréables :
- Des selles peu fréquentes : moins de trois fois par semaine, c’est un signal d’alarme.
- Des selles dures et sèches : un peu comme celles des petites chèvres si mignonnes que vous avez vues à la ferme l’année dernière. !! Spoiler !! Il existe une échelle de qualité des selles (c’est le terme médical pour consistance des selles) qu’on appelle l’échelle de Bristol très utile pour savoir où on en est.
- Enfin, les fameux ballonnements accompagnés de leur copines les douleurs abdominales : cette sensation d’être enceinte de 4 mois surtout après les repas…
Et puis, il y a la constipation terminale, c’est comme si le train avait atteint sa destination, mais que les passagers étaient trop fatigués pour sortir. Les selles se bloquent dans le rectum, et là, c’est l’impasse ! De nouveaux symptômes très agréables en vue :
- La sensation de vidange incomplète : Comme si certains passagers refusaient de descendre du train.
- Des douleurs et un inconfort abdominal : Comme si vos intestins vous faisaient une petite crise de colère.
- Selles très dures qui ne glissent pas et vous blessent, comme si vous essayiez de faire passer un parpaing dans une paille, ce n’est pas gagné !
- Et parfois même une impossibilité d’évacuer : on est arrivé à quai mais les portes du train refusent de s’ouvrir… et panique à bord !
Pourquoi votre intestin fait-il la grève ?
Il existe de nombreuses causes :
- L’alimentation et particulièrement le manque de fibres : les fibres, c’est un peu comme les éboueurs de votre intestin. Elles aident à pousser les selles vers la sortie. Si vous n’en mangez pas assez, c’est comme si vous laissiez les poubelles s’entasser dans votre rue.
- Le manque d’hydratation : si vous ne buvez pas assez, vos selles deviennent sèches et dures, comme des cailloux.
- Le manque d’activité physique : l’activité physique stimule les muscles de votre intestin, et les aide à effectuer leur travail. Si vous êtes trop sédentaire, votre intestin se met en mode “fainéant”.
- Le stress : le stress peut perturber le fonctionnement de votre intestin. Il y a des priorités à gérer pour votre cerveau et la digestion peut ne pas en être une !
- Les médicaments : certains médicaments peuvent provoquer une constipation, particulièrement les antidouleurs de la famille des opiacés mais pas que… Si l’apparition de votre constipation est concomitante de la prise de médicaments ou d’une modification de traitement, parlez-en à votre médecin.
- Les modifications hormonales : ça, c’est encore pour nous les femmes ! La progestérone par exemple a une action sur les muscles de la paroi des intestins et peut les rendre plus lents.
- Les troubles de statique pelvienne : la descente d’organe, vous savez quand nos organes internes (vessie, utérus, rectum) décident d’aller visiter le voisinage. La descente du rectum, notamment, appelée rectocèle, peut rendre difficile l’évacuation complète des selles contenues dans le rectum. On appelle cela la dyschésie.
- Ne pas respecter ses envies : il est indispensable de respecter vos envies et de ne pas vous retenir. Le rectum (la partie terminale juste au-dessus de l’anus) n’est pas une aire de stockage mais de transit. Le risque principal, je vous le donne en mille c’est le débordement.
- Les troubles de la défécation : vous avez du mal à coordonner les muscles de votre plancher pelvien pour évacuer les selles. Un peu comme si les muscles étaient capricieux et refusaient de faire ce que vous leur demandiez.
- Les problèmes de sensibilité rectale : vous ne ressentez pas bien le besoin d’aller à la selle. Là, c’est que cela fait bien trop longtemps que vous n’écoutez plus vos envies !
- Les lésions locales : hémorroïdes, fissures anales… Là, c’est la porte qui est abîmée et ne s’ouvre plus bien.
On ne se laisse pas abattre et on reprend le contrôle !
Il existe plusieurs traitements et solutions pour lutter contre la constipation. Le b.a.-ba pour un intestin heureux, ce sont les mesures hygiéno-diététiques.
Voici quelques conseils à suivre pour prendre soin de votre intestin :
- Mangez des fibres : fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses… Les fibres sont vos amies !
- Buvez beaucoup d’eau : au moins 1,5 litre par jour mais trop non plus ! Pas besoin de 3 litres.
- Faites de l’activité physique : bougez votre corps, votre intestin vous remerciera !
- Allez à la selle quand vous en avez envie : ne vous retenez pas, je radote, je sais mais c’est vraiment important. Je vous expliquerai en détails dans un prochain article.
- Prenez le temps et installez-vous confortablement : accordez-vous le temps d’aller à la selle tranquillement, sans vous presser, ritualisez en essayant d’y aller à heure régulière. Vous pouvez faire quelques respirations profondes et surtout mettez un petit marche-pied (ou tabouret physiologique) pour pouvoir détendre les muscles du plancher pelvien. Je vous rappelle que pendant des siècles, on déféquait dans une position plutôt accroupie.
- Les laxatifs : ils peuvent être utiles pour accélérer le transit et surtout améliorer la qualité des selles. Il existe des laxatifs naturels comme le psyllium, les graines de chia par exemple, mais elles peuvent être irritantes dans certains cas. Demandez conseil à votre pharmacien.
- Les médicaments : dans certains cas, votre médecin peut vous prescrire des médicaments pour traiter la constipation.
- Les traitements, un peu plus « locaux » : les suppositoires, lavements, irrigations coliques. Et oui des fois, il faut mettre les mains dans le cambouis. Demandez conseils à votre professionnel de santé.
- Suivre une rééducation anorectale : des exercices pour améliorer la coordination lors de la défécation avec par exemple le Biofeedback – une technique qui permet de prendre conscience en visualisant et de ainsi de contrôler les muscles du plancher pelvien, parfois les renforcer. Les massages abdominaux peuvent également vous soulager. Demandez à votre kiné, il pourra également vous montrer quelques petites manœuvres à faire à la maison.
- La chirurgie : dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour corriger un problème anatomique.
Pour bien comprendre et objectiver votre transit et votre constipation, n’hésitez pas à compléter un calendrier des selles (ou calendrier défécatoire). Cela vous donnera des clés très utiles ainsi qu’à votre professionnel de santé, pour vous orienter vers les solutions les mieux adaptées à votre cas.
En conclusion
La constipation, c’est un mauvais moment à passer. Mais avec un peu de patience, d’humour, et les bonnes habitudes, on finit par retrouver un transit fluide. Alors, mesdames, messieurs, ne vous laissez pas abattre, et n’hésitez pas à parler de vos problèmes avec votre médecin. Il n’y a pas de honte à avoir, tout le monde (ou presque) passe par là !
Sources
Bharucha, AE et Wald, A. (2019, novembre). Constipation chronique. Dans Mayo Clinic Proceedings (vol. 94, n° 11, pp. 2340-2357). Elsevier.
Forootan, M., Bagheri, N., & Darvishi, M. (2018). Constipation chronique : une revue de la littérature. Médecine , 97 (20), e10631.
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