#4 Françoise (70 ans) nous raconte ses prolapsus…

Le point commun de toutes les femmes qui souffrent d’un prolapsus ? Le sentiment d’être seule. Pourtant, nous sommes des millions à être concernées ! Alors pour continuer à oeuvrer à briser le silence autour de cette pathologie, des femmes ont accepté de répondre à nos questions et de partager avec vous leur parcours avec le prolapsus, leur vécu, leurs peurs, leurs doutes, les changements dans leur rapport à leur corps, mais aussi leurs conseils, ce qui a fonctionné pour elles, comment elles s’adaptent pour continuer à vivre leur vie.

Dans cette série d’articles, découvrez les portraits et les histoires intimes et inspirantes de ces femmes résilientes, ces femmes qui vivent la même chose que vous. Vous n’êtes pas seule, notre communauté, une véritable sororité, est là pour vous soutenir !

Témoignage recueilli par email en 2024

1) Parlez nous de vous, qui êtes vous, quel âge avez-vous, quel est votre parcours, votre métier ? Quelles activités aimez-vous faire ?

Je m’appelle Françoise et j’ai 70 ans. Je suis retraitée depuis 10 ans après avoir travaillé (en bureau) pendant 42 ans. Active en jardinage, marche quotidienne (environ 3 km), je pratiquais le yoga, pilate, et la natation jusqu’au confinement. Aujourd’hui reste le jardinage, la marche et quelques exercices à la maison. Je suis en couple et amoureuse.

2) Quel est votre rapport à votre corps et votre intimité ? A-t-il évolué au fur et à mesure du temps ?

J’ai un nouveau compagnon depuis quelques années mais à cause du prolapsus et les contraintes du pessaire, la libido est  bien impactée.

3) Comment avez-vous découvert votre prolapsus ? Combien de temps a été nécessaire pour obtenir un diagnostic ? Quelle fut votre réaction lorsque vous avez compris qu’il s’agissait d’un prolapsus ?

Il faut remonter le temps pour comprendre et faire comprendre aux lectrices les erreurs à ne pas commettre :
2000 : Découverte d’un cancer du sein, opération, radiothérapie et pas d’hormone pour éviter la récidive.
2008 : Ménopause. Ma vie reprend, j’oublie, je travaille, mon entreprise me permet de faire de la gym deux fois par semaine. Première erreur : des abdos mal faits. ( lire : “Abdominaux arrêtez le massacre” de Bernadette de GASQUET)
2013 : Premier prolapsus découvert par moi même, affolée, ne comprenant pas ce qui se passe. Le gynécologue cancérologue qui me suit confirme le prolapsus, me rassure sur la non gravité et me propose l’opération. On m’enlève l’utérus.  Tout va bien, je commence ma vie de retraitée et m’inscris au yoga, pilates et suis toujours fidèle à la piscine.
2022 : Malheureusement le deuxième prolapsus est là, confirmé par ma gynécologue, elle me prescrit des séances de kiné mais je décline une nouvelle opération. Sur recommandation d’un ami, je consulte une chirurgienne en 2023 qui décèle en plus du prolapsus, une hernie inguinale et crurale et me donne des examens à faire pour le prolapsus. Après plusieurs examens dont IRM pelvienne, on découvre des kystes à l’ovaire (à surveiller) ainsi qu’une cystocèle et rectocèle au stade 2. C’est ma kiné qui me parle du pessaire et me conseille de consulter une gynéco à la retraite qui travaille à l’hôpital, uniquement pour la pose de pessaire.
Avril 2024 : Rendez-vous avec une professionnelle à l’écoute qui me prescrit le pessaire qui me convient.

4) Qu’est-ce qui vous gêne (ou vous a le plus gênée) avec le prolapsus ? En termes de symptômes physiques ou psychologiques, de rapport à vous-même, au vieillissement, au sexe, au sport…

Très active au quotidien (sport, jardinage..), de fin 2021 jusque fin 2022 : constipation chronique et douleurs dans le bas ventre qui durent jusqu’à 12 heures. Deux fois par mois environ. Le généraliste m’adresse à un gastro-entérologue. Deux coloscopies non concluantes et un colo scanner TVB. On me donne des probiotiques et des séances d’hypnose conseillés. Et me voilà de retour à la maison avec mes maux de ventre.. Le pharmacien me conseille de prendre un traitement contre la constipation au long cours. Miracle, avec également une alimentation très riche en fibres, je régularise le transit et mes douleurs cessent. C’est à la suite de ces évènements que le second prolapsus a été confirmé.

5) Qu’est-ce que le prolapsus a changé dans votre vie quotidienne ? Quels aspects de votre vie ont été les plus impactés ?

Moralement très dur, ne pouvant me confier à personne (même ma kiné vient de déménager) et mes amies ne connaissent pas ce problème et ne savent que dire.

6) Qui (ou quelles ressources) avez-vous consulté pour mieux comprendre ce qui se passait dans votre corps ?

En Avril 2024 : Rendez-vous d’une heure et quart avec une professionnelle (gynécologue) à l’écoute qui me prescrit le pessaire qui me convient. Très heureuse mais pas de suivi, me demande de lui faire un retour dans sept mois environ. Et me voilà avec ce petit objet rose et mes angoisses et espoirs pour la pose et le retrait..

7) Qu’est ce qui vous a aidé à vous sentir mieux et mieux appréhender le prolapsus ? Était- ce le soutien de vos proches ? La compréhension et la bienveillance d’un partenaire ? Les témoignages d’autres femmes concernées ?…

N’ayant pas d’entourage auprès duquel me confier et ayant vécu la perte de mon précédent compagnon d’une longue maladie en 2016, votre site me fait beaucoup de bien moralement et je suis vos conseils.

8) Comment s’est passé votre parcours avec le corps médical ? Vous êtes-vous sentie accompagnée et bien prise en charge par les professionnels de santé ? Quels thérapeutes avez vous consultés ? Comment vous êtes-vous sentie ?

Le parcours était long (plus de 10 ans autour des prolapsus), j’ai consulté des gynécologues, gastro-entérologues et kiné entre autres durant ces années.

9) Le processus d’acceptation suite au diagnostic est souvent long et difficile mais pas insurmontable. Êtes vous d’accord avec cette affirmation ? Pourquoi ?

D’abord affolée à la découverte de mon premier prolapsus, je ne me suis pas laissée abattre et ai toujours retrouvé le goût de pratiquer mes activités favorites comme le sport (yoga, body attack..) ou le jardinage ! Mais le sentiment d’isolement était persistant. Maintenant diagnostiquée de mon second prolapsus et avec la bonne prescription de pessaire, je découvre une nouvelle légèreté que je n’avais plus connu depuis longtemps.

10) Quelles solutions avez-vous choisies pour traiter votre prolapsus ou en corriger les symptômes ? En êtes-vous satisfaite ?

Il m’a été prescrit un pessaire en Avril 2024, je dois faire le point avec la gynécologue qui me l’ai prescrit d’ici la fin de l’année.

11) Où en êtes-vous de la relation avec votre corps et avec votre prolapsus ? Par exemple, au niveau de l’image que vous en avez, de votre perception de la pathologie, de votre vécu psychologique… ?

Entre les contraintes du pessaire et le prolapsus, c’est surtout la libido qui est très impactée pour moi.

12) Que diriez vous aux femmes qui découvrent aujourd’hui qu’elles sont porteuses d’un prolapsus ? Qu’auriez vous aimé entendre lorsque vous étiez à leur place ?

Je me suis confiée intimement à vous dans cette lettre et j’espère que les erreurs que j’ai faites pourront aider les lectrices à ne pas les reproduire. Je leur dirais surtout de faire très attention à leur pratique du sport et de leurs activités en général : par exemple mon cours de body attaque s’est avéré très sympathique et libérateur, mais non adapté à mon plancher pelvien fragilisé ! De la même façon mes travaux de jardinage en 2020 n’ont pas aidé la situation. Je leur conseille de s’informer consciencieusement autour du sujet ! Mon combat n’est pas terminé mais depuis ce joli mois de mai, je découvre une nouvelle légèreté que je n’avais plus connu depuis longtemps. Merci à toute l’équipe de votre soutien.