2 janvier 2024

Avantages et inconvénients du pessaire

Le pessaire, le traitement recommandé par la Haute Autorité de Santé pour les descentes d’organes

Les problèmes liés au périnée et à la statique pelvienne, comme le prolapsus (descente d’organes) ou les fuites urinaires, peuvent être une source d’inconfort pour de nombreuses femmes : 50% des femmes sont concernées à un moment de leur vie.

Heureusement, il existe des solutions efficaces qui peuvent aider à améliorer la qualité de vie et à renouer librement avec toutes ses activités. Le pessaire est l’une de ces options. Il s’agit même du traitement de première intention recommandé par la Haute Autorité de Santé pour toutes les femmes ayant un prolapsus. 

Le pessaire offre des avantages significatifs et très peu de risques, mais il est également important de comprendre les inconvénients potentiels et les effets indésirables possibles. Dans cet article, nous examinerons de près les avantages et les inconvénients du pessaire.

 

Les avantages du pessaire

Le pessaire est un dispositif médical conçu pour soutenir les organes du petit bassin et le plancher pelvien. Il peut être particulièrement utile pour les femmes souffrant de prolapsus utérin (hystérocèle), de prolapsus de la vessie (cystocèle) ou de prolapsus du rectum (rectocèle). En fournissant un soutien structurel, le pessaire corrige les symptômes désagréables associés à ces troubles, tels que la sensation de pesanteur pelvienne ou de pression dans le bas-ventre, la boule dans le vagin, ou encore des fuites urinaires, des urgenturies, ou des dysuries.

1. Efficacité immédiate sur les symptômes gênants

Les femmes qui éprouvent des fuites urinaires, des douleurs pelviennes ou des difficultés avec les rapports sexuels en raison de problèmes de prolapsus peuvent constater une amélioration significative de leurs symptômes avec l’utilisation d’un pessaire. Le pessaire contribue pour une très grande majorité de femmes à restaurer la confiance et la qualité de vie.

De très nombreuses études démontrent depuis longtemps l’efficacité du pessaire pour corriger les différents symptômes associés à la descente d’organes ou aux fuites urinaires. La Haute Autorité de Santé signale d’ailleurs que l’efficacité du pessaire est aussi élevée que celle de la chirurgie.

Les études montrent aussi un très fort taux de satisfaction des femmes qui utilisent un pessaire (de l’ordre de 90%), et une très bonne adhésion des patientes à cette option thérapeutique (entre 70 et 90% des femmes adoptent le pessaire lorsqu’il leur est proposé par leur professionnel de santé).

Un énorme avantage du pessaire réside dans le fait qu’il agit dès la pose, et rétablit donc immédiatement le confort au quotidien. Pas question d’attendre pour pouvoir vivre normalement !

Le pessaire peut également être porté très tôt dans le post-partum, et sera un allié particulièrement utile aux femmes allaitantes. Il accompagne efficacement une rééducation pelvi-périnéale.

2. Traitement non chirurgical et réversible

Le pessaire offre une alternative non chirurgicale aux femmes. La Haute Autorité de Santé estime que la chirurgie ne doit être proposée qu’en seconde intention, après essai de pessaire et rééducation pelvi-périnéale. Il peut aussi être une option particulièrement attrayante pour celles qui ne sont pas candidates à la chirurgie en raison de problèmes de santé sous-jacents, celles qui n’ont tout simplement pas envie de se faire opérer, ou bien en attendant de se faire opérer.

D’ailleurs, le pessaire est un outil très précieux pour préparer une chirurgie lorsqu’elle est nécessaire et souhaitée par la patiente. Il permet en effet de patienter de manière confortable, mais aussi de “simuler” la chirurgie et de vérifier que l’opération corrigera de manière satisfaisante les symptômes qui gênent la patiente. Le pessaire permet également de détecter une éventuelle incontinence urinaire d’effort masquée par un prolapsus.

Enfin, beaucoup de femmes ne sont gênées par des symptômes pelviens que ponctuellement, par exemple lors de certaines activités physiques ou sportives, ou à certains moments du cycle menstruel. Le pessaire peut être utilisé “à la carte” par ces femmes uniquement aux moments où elles en ressentent le besoin.

Le pessaire, solution thérapeutique non invasive, offre donc une grande liberté aux femmes. La plupart des femmes l’utilisent de manière totalement autonome en fonction de leurs besoins.

3. Un dispositif sûr présentant très peu de risques

Les risques associés à l’utilisation du pessaire sont généralement minimes et évitables avec une gestion appropriée. Les seules complications surviennent lorsqu’aucun suivi médical n’est réalisé et que le pessaire est laissé en place et oublié pendant longtemps.

Bien que certaines femmes puissent ressentir une gêne lors des premières utilisations, cela peut souvent être résolu en ajustant le type ou la taille du pessaire avec l’aide d’un professionnel de la santé, et en suivant quelques règles de bonnes pratiques détaillées un peu plus loin dans cet article.

Les risques associés au port d’un pessaire sont également minimisés par sa réversibilité. Si une femme éprouve des problèmes ou des préoccupations liées à son pessaire, celui-ci peut être retiré (généralement de manière autonome par la femme elle-même) sans laisser de séquelles permanentes. Cette flexibilité offre une réelle tranquillité d’esprit.

4. Le pessaire s’adapte à votre vie de femme

Le pessaire est généralement tout à fait compatible avec une sexualité épanouie – il peut même améliorer le confort et la satisfaction sexuelle des femmes en rétablissant une meilleure image corporelle et en corrigeant des symptômes gênants lors des rapports.

Les pessaires de type Anneau et Dish peuvent être laissés en place pendant la pénétration sans gêne pour la femme ou pour son partenaire la plupart du temps.

Le pessaire peut également s’adapter aux phases du cycle menstruel – il faudra veiller à le retirer et à le nettoyer régulièrement pendant les règles en fonction du modèle. 

Il est également compatible avec l’utilisation d’un stérilet ou d’un anneau contraceptif.

 

Les inconvénients du pessaire

1. Gêne et inconfort initiaux

Le pessaire est un corps étranger que l’on insère dans son vagin. Cela représente évidemment un changement et il est parfois nécessaire de tenir compte d’un temps d’adaptation. L’important est d’être bien accompagnée par son thérapeute dès le choix du pessaire, de connaître les signes qui doivent alerter, et de se laisser le temps de se familiariser avec ce nouveau compagnon.

Certaines femmes peuvent donc ressentir une gêne ou un inconfort lorsqu’elles commencent à utiliser un pessaire. Ces inconforts peuvent se présenter sous différentes formes : 

  • micro saignements et irritations de la muqueuse
  • augmentation des pertes vaginales
  • sensations de courbatures ou de crampes dans les fessiers, les abdominaux, les lombaires ou les cuisses

Ces manifestations initiales sont normales et ne doivent pas vous inquiéter. Il peut être nécessaire de démarrer plus progressivement l’utilisation du pessaire, et de mieux hydrater la muqueuse vaginale.

D’autres symptômes peuvent toutefois survenir, qui doivent vous pousser à consulter :

  • gêne ou douleur dans le vagin
  • gêne au niveau du rectum, apparition ou aggravation d’hémorroïdes
  • installation d’une constipation inhabituelle
  • difficultés pour uriner
  • fuites urinaires

Cependant, tout cela peut la plupart du temps être résolu en ajustant la taille ou le type de pessaire avec l’aide de votre professionnel de la santé. Ces symptômes se présentent si le pessaire choisi n’est pas le bon pour vous.

Enfin, il faut préciser que même si une énorme majorité de femmes (90%) trouvent le bon pessaire, il existe des cas dans lesquels on ne trouve pas de pessaire satisfaisant. Le seul moyen de le savoir est de réaliser des essais en consultation.

2. Nécessité d’un accompagnement médical

Pour être efficace et confortable, le pessaire doit être soigneusement choisi et adapté à chaque femme. On ne peut malheureusement pas acheter un pessaire sur un coup de tête : il est nécessaire de consulter un professionnel de santé et de réaliser des essais de pessaires pour trouver le bon. Il faut parfois en essayer plusieurs et tâtonner pas mal avant d’enfin trouver celui qui convient ! L’important est de ne pas se décourager et, encore une fois, d’être bien accompagnée.

L’utilisation du pessaire nécessite ensuite un suivi médical régulier pour s’assurer qu’il est bien adapté, qu’il est bien positionné et qu’il est bien supporté. La nécessité de ce suivi peut être contraignante pour certaines femmes en raison des visites régulières à prévoir chez le professionnel de santé, avec parfois une longue route à effectuer.

Cet inconvénient concerne essentiellement les femmes qui ne sont pas autonomes dans la gestion de leur pessaire et doivent donc consulter un médecin tous les 3 à 6 mois pour retirer le pessaire, le nettoyer, et réaliser un examen pour vérifier que tout va bien.

Les femmes qui utilisent leur pessaire en toute autonomie n’ont pas besoin d’un suivi aussi rapproché, et peuvent effectuer un bilan annuel sans contraintes supplémentaires.

3. Déséquilibre de la flore intime et infections

Un pessaire (à condition qu’il soit en silicone médical !) n’est pas lui-même source d’infection : le silicone médical est un matériau non poreux qui ne favorise pas la pullulation microbienne, conçu justement pour sa bonne tolérance par les muqueuses. 

Néanmoins, la présence d’un pessaire dans le vagin est un changement pour l’environnement vaginal. Et comme tout changement, cela peut donc contribuer à perturber l’équilibre du microbiote intime – au même titre par exemple qu’un rapport sexuel ou encore un changement de régime alimentaire.  

Cela pourra se traduire par des pertes trop abondantes, des irritations, ou le développement de vaginoses (traitées très facilement), en particulier chez :

  • Les femmes souvent sujettes à des irritations ou infections vaginales
  • Les femmes qui ne retirent pas régulièrement leur pessaire pour le nettoyer
  • Les femmes immunodéprimées, ou porteuses de HPV
  • Les femmes ayant subi une intervention récente par voie vaginale

4. Comment minimiser les effets indésirables du pessaire ?

L’entretien du pessaire est généralement simple et demande peu d’efforts. En suivant les instructions du professionnel de santé, les femmes peuvent minimiser les risques potentiels tels que les infections. Les visites régulières chez le thérapeute permettent également un suivi adapté, garantissant ainsi une utilisation sûre et efficace.

Voici les “règles d’or” à suivre pour limiter les risques d’effets secondaires avec un pessaire : 

  • Hydrater en permanence la muqueuse vaginale, avec un gel à base d’acide hyaluronique ou une crème à base d’oestrogènes
  • Ne pas laisser s’installer une constipation
  • Renforcer sa flore intime grâce à une supplémentation en compléments alimentaires / probiotiques-prébiotiques adaptée
  • Lubrifier avec un gel lubrifiant à base d’eau lors de l’insertion
  • Retirer et nettoyer son pessaire régulièrement (une étude démontre que les femmes autonomes avec leur pessaire ont 4 fois moins de risques d’effets indésirables que les femmes non autonomes)
  • Effectuer un suivi régulier avec un professionnel de santé

L’un des effets indésirables les plus fréquents est l’augmentation des leucorrhées (pertes vaginales). Il est important d’avoir en tête que ce n’est pas grave, que c’est normal, et que cela n’est pas signe d’infection : il s’agit d’un phénomène tout à fait normal de lubrification de la muqueuse vaginale au contact du pessaire. Si ces pertes sont gênantes pour vous, essayez de retirer le pessaire toutes les nuits et de le nettoyer plus fréquemment – ou au contraire, si vous le retirez déjà très souvent, espacez un peu le retrait. Testez et voyez ce qui fonctionne pour vous. Pensez également à bien hydrater votre vagin et aux probiotiques et prébiotiques pour favoriser la bonne santé de votre microbiote local.

Si les pertes sont colorées ou malodorantes, alors il peut s’agir d’une infection et il faut consulter un médecin afin de réaliser un examen et des analyses. Le pessaire peut être retiré en attendant de traiter l’infection, et pourra être réutiliser dès la guérison.

 

Conclusion

Le pessaire est une option satisfaisante et sûre pour de très nombreuses femmes confrontées à des problèmes périnéaux. Ses avantages sont nombreux et peuvent considérablement améliorer la qualité de vie. Cependant, il est important de prendre en compte les effets indésirables potentiels et de se faire accompagner par un professionnel de santé spécialisé pour les limiter.

Avant de choisir d’utiliser un pessaire, consultez toujours un thérapeute pour discuter de vos symptômes, de vos préoccupations et pour déterminer quel pessaire est la meilleure option pour vous. Un suivi médical régulier et le respect de quelques règles de bonne pratique garantiront que le pessaire reste adapté à vos besoins et qu’il continue à vous offrir les avantages souhaités tout en minimisant les inconvénients potentiels.

 

Sources 

Recommandations Haute Autorité de Santé sur la prise en charge thérapeutique du prolapsus génital de la femme, 2021

How satisfied are women 6 months after a pessary fitting for pelvic organ prolapse ? Siegfried Nebel, Christian Creveuil, Michel Briex, Raffaèle Fauvet, Anne Villot, Anne6Cécile Pizzoferrato, J Clin Med . 2022 Oct 10;11(19):5972. doi: 10.3390/jcm11195972., 2022

Vaginal pessary in advanced pelvic organ prolapse: impact on quality of life, Barbara Bevilacqua Zeiger,corresponding author Silvia da Silva Carramão,Carlos Antônio Del Roy, Thais Travassos da Silva, Susane Mei Hwang and Antonio Pedro Flores Auge, Int Urogynecol J, 2021

Patient satisfaction and changes in prolapse and urinary symptoms in women who were fitted successfully with a pessary for pelvic organ prolapse, Jeffrey LClemonsMDaVivian CAguilarMDbTara ATillinghastNP, MSNbNeil DJacksonMDbDeborah LMyersMDb, American Journal of Obstetrics and Gynecology, 2004

Effect of vaginal estrogen on pessary use, Sybil G. Dessie, Katherine Armstrong, Anna M. Modest, Michele R. Hacker, and Lekha S. Hota, Int Urogynecol J. 2016 September ; 27(9): 1423–1429. doi:10.1007/s00192-016-3000-1. 2016

Does monthly self-management of vaginal ring pessaries reduce the rate of adverse events? A clinical audit, Kate H. Moore, Karin Lammers, Wendy Allen, Katrina Parkin, Nevine te West, European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, 2022

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