Cycle menstruel, prolapsus et pessaire

Pour les femmes ayant un prolapsus, le cycle menstruel – et en particulier les périodes menstruelle et pré-menstruelle – peut être encore plus difficiles à gérer que pour les autres. Beaucoup rapportent une modification ou une amplification des symptômes en fonction des phases du cycle. Pour certaines, les symptômes n’apparaissent que lors de certaines phases. Et beaucoup se demandent comment concilier l’utilisation de leur pessaire avec la période des règles.

Vous êtes nombreuses à nous poser des questions sur ce sujet, nous avons donc choisi de partager avec vous un maximum d’informations sur les impacts du cycle menstruel sur le prolapsus et ses symptômes, mais aussi sur l’utilisation de votre (ou de vos!) pessaires.

 

Cycle menstruel : comment impacte-t-il le prolapsus et ses symptômes ?

 

On le sait, les changements hormonaux qui interviennent tout au long du cycle menstruel ont de nombreux impacts, sur notre moral et notre niveau d’énergie, mais aussi sur notre corps, nos sensations, notre transit, et bien sûr nos organes pelviens et notre vagin. Il est donc tout à fait logique que ces changements hormonaux jouent également sur l’importance des symptômes du prolapsus, ou le ressenti que nous en avons.

De fait, certaines femmes ne ressentent de symptômes liés au prolapsus qu’en seconde moitié de cycle ou uniquement pendant les règles. C’est d’ailleurs pourquoi il est parfois difficile ou long de diagnostiquer un prolapsus, qui ne se “manifeste” que très ponctuellement et dont les symptômes peuvent se mêler aux autres symptômes pré-menstruels ou menstruels (sensation de pesanteur pelvienne, gêne dans le vagin…). D’autres femmes ressentent des symptômes en continu, mais ils semblent s’accentuer et être plus pénibles en fin de cycle et/ou pendant les règles.

Nous allons explorer ensemble quelques uns des mécanismes qui expliquent ce phénomène :

  • les modifications affectant l’utérus et le col utérin au cours du cycle menstruel
  • le relâchement des tissus consécutifs à la chute du taux d’oestrogènes et à la hausse du taux de progestérone
  • les modifications affectant le transit
  • un état de fatigue et de baisse d’énergie global

Nous parlerons ensuite plus spécifiquement de la manière dont cela peut impacter l’utilisation d’un pessaire, en particulier pendant les règles, et comment on peut adapter le dispositif aux différentes phases du cycle menstruel.

 

Les modifications affectant l’utérus et le col utérin

Le poids de l’utérus varie progressivement tout au long du cycle, au fur et à mesure que l’endomètre (la muqueuse utérine dont la fonction est d’accueillir un éventuel œuf fécondé) s’épaissit. Il est ainsi plus léger au début du cycle (juste après l’évacuation de la muqueuse lors des règles) et plus lourd à la fin du cycle et au début des règles. On estime que chez certaines femmes, l’utérus peut peser jusqu’à deux fois plus lourd entre le début et la fin du cycle, passant de 110 à 220 grammes environ.

Il est donc tout à fait logique que l’utérus ait tendance à descendre et donc à peser davantage en fin de cycle qu’en début de cycle. Ceci n’arrange évidemment en rien la sensation de pesanteur liée au prolapsus, ou tout autre symptôme qui peut se faire ressentir davantage durant cette période.

Et même dans le cas où le prolapsus concernerait d’autres organes (vessie, rectum), le poids accru de l’utérus et son affaissement peuvent jouer puisque les différents organes du petit bassin s’équilibrent les uns les autres. Lorsque l’un des organes rompt l’équilibre global, cela peut impacter les autres et accentuer également le prolapsus de ces compartiments. C’est pourquoi cela peut également déclencher davantage de fuites urinaire à l’effort par exemple, ou d’autres gênes qui ne sont pas ressenties à d’autres moments du cycle.

Le col utérin subit également des modifications tout au long du cycle. Au début du cycle, le col est mou et haut dans la cavité vaginale. A la fin du cycle et pendant les règles, le col utérin se positionne naturellement plus bas dans le vagin, se rigidifie légèrement et est plus sec. Ce changement peut aussi amplifier ou modifier les symptômes du prolapsus.

 

Le relâchement des tissus

Lors de la seconde moitié du cycle menstruel, après l’ovulation, le taux d’œstrogènes chute. Ce changement hormonal a de nombreux impacts sur l’organisme notamment au niveau de la tonicité et de la contractilité des tissus, de leur trophicité, de leur texture. Cela concerne bien sûr la muqueuse vaginale, mais également nos muscles et nos ligaments, et notamment ceux de notre sangle pelvi-périnéale. Globalement, on peut dire que la “qualité” des tissus change temporairement. Cette baisse du taux d’œstrogènes a également un effet direct sur la trophicité du bas appareil urinaire : les paramètres urodynamiques fluctuent en fonction du cycle menstruel et peuvent jouer sur le symptôme d’incontinence.

Durant cette même phase lutéale, pendant que le taux d’œstrogènes diminue, le taux de progestérone, lui, augmente. Ce taux élevé de progestérone a un effet relaxant sur les muscles et les tissus qui perdent donc légèrement en tonicité, renforçant l’effet cité plus haut consécutif à la baisse du taux d’œstrogènes.

Ainsi, les ligaments et les muscles qui constituent la sangle pelvienne n’assurent pas le même degré de soutien tout au long du cycle. Ce changement est bien sûr minime et temporaire, mais si vous avez un prolapsus, il y a des chances pour que vous le remarquiez.

 

Les modifications affectant le transit

A cela s’ajoute un autre phénomène pouvant amplifier les symptômes : un dérèglement temporaire du transit.

L’effet relaxant musculaire de la progestérone ne s’arrête pas aux muscles et ligaments du plancher pelvien. Les muscles digestifs ont tendance à se relaxer également. C’est pourquoi de nombreuses femme expérimentent une modification du transit avant et pendant les règles, en particulier un phénomène de de constipation.

On le sait, la constipation joue beaucoup sur un prolapsus et ses symptômes. C’est pourquoi il est particulièrement important, et d’autant plus lorsqu’on souffre de ce type de pathologie, d’anticiper et de traiter rapidement une éventuelle constipation. Une constipation passagère liée au cycle menstruel peut donc générer une pression supplémentaire et accentuer la gêne associée au prolapsus, voire même rendre le port d’un pessaire gênant – mais nous reviendrons sur ce point précis un peu plus tard.

 

Un état général de fatigue et de baisse d’énergie

Au-delà des éléments que nous venons d’évoquer, il est également important de prendre en compte l’état de fatigue général qui peut caractériser les périodes pré-menstruelle et menstruelle. Indépendamment des variations liées au cycle menstruel, et notamment chez les femmes ménopausées, il est très fréquent d’observer une amplification des symptômes liés au prolapsus lorsque l’on est particulièrement fatiguée. De même, ces phases du cycle peuvent correspondre à des périodes pendant lesquelles notre sensibilité à la douleur ou à l’inconfort est accrue.

Pour résumer jusqu’ici, l’utérus s’alourdit, le col est plus protubérant, l’ensemble de la sangle pelvi-périnéale devient plus laxe, et le transit est perturbé : il n’est donc pas étonnant de constater un changement dans les symptômes, ou une apparition des symptômes uniquement pendant ces phases de votre cycle.

 

Et si vous essayiez la cryothérapie périnéale ?

 

Utilisée depuis des millénaires, l’utilisation du froid a des propriétés anti-inflammatoires, vasoconstrictrices et anesthésiantes.

Sister feel a conçu des coffrets de cryothérapie pour bénéficier de ces propriétés au niveau de la zone périnéale et soulager les inconforts locaux auxquels les femmes font face : varices vulvaires, hémorroïdes, névralgies pudendales, douleurs vulvaires, pesanteurs pelviennes..

À utiliser même pendant vos règles, si vous utilisez une protection menstruelle interne 🙂

Pessaire et cycle menstruel

 

Le pessaire : un allié précieux adaptable à votre cycle

Nous venons de voir qu’il est habituel de constater une apparition de symptômes liés à un prolapsus uniquement pendant certaines phases du cycle, ou de ressentir une augmentation de ces symptômes.

Le pessaire est donc une solution particulièrement adaptée (et adaptable!) pour les femmes qui expérimentent ces phénomènes. Il permet d’adapter son traitement aux symptômes ressentis en toute liberté et en toute autonomie. Certaines femmes ne portent un pessaire que juste avant et pendant les règles, et pas le reste du cycle. D’autres, qui ne portent habituellement leur pessaire que pendant certaines activités ou lorsqu’elles sont fatiguées, vont ressentir le besoin de le porter en continu pendant ces phases de leur cycle.

 

Porter un pessaire pendant les règles

Il est tout à fait possible de porter un pessaire pendant les règles, il n’y a aucune contre-indication à cela, si ce n’est parfois pour les femmes souffrant d’endométriose. Il n’est absolument pas nécessaire d’interrompre l’utilisation du pessaire.

Vous pouvez tout à fait laisser un pessaire Anneau, Dish ou Donut en place pendant la durée de vos règles sans le retirer, comme d’habitude. L’orifice au milieu du pessaire est suffisamment grand pour laisser s’écouler les pertes menstruelles normalement.

En revanche, si vous portez un pessaire Cube, un pessaire Gellhorn, ou bien un pessaire Anneau avec support ou Dish avec support, retirez-le toutes les 4 à 6 heures et rincez-le, comme pour une coupe menstruelle. Cela permet de limiter le risque d’apparition du fameux Syndrome du Choc Toxique (causé par la prolifération de staphylocoques dans le sang stagnant). Ces modèles risquent en effet de bloquer les pertes menstruelles à l’intérieur du vagin, malgré les petits orifices dont ils sont dotés.

L’entretien du pessaire ne change pas pendant les règles. Il est toujours préférable de le retirer régulièrement pour le nettoyer et pour laisser vos muqueuses au repos, mais une hygiène supplémentaire pendant les règles n’est pas nécessaire.

 

Quand le pessaire pose problème à certains moments du cycle

Pour les femmes qui le portent en continu, il peut arriver au contraire que leur pessaire semble moins efficace, ou plus gênant, ou plus difficile à utiliser, dans les phases du cycle pendant lesquelles les changements physiques que nous venons de voir amplifient les symptômes du prolapsus.

D’abord parce que ces modifications physiques peuvent affecter la manière dont le pessaire se positionne dans le vagin. Une constipation peut provoquer une sensation d’inconfort en exerçant sur le pessaire une pression inhabituelle, ou bien le faire descendre. Un utérus un peu plus bas que d’habitude et des muscles pelviens et une muqueuse vaginale plus relâchés peuvent faire que le pessaire tient moins bien en place.

De même, le changement dans l’hydratation et la sensibilité de la muqueuse vaginale peut la rendre plus sensible et rendre moins confortables l’insertion et le retrait du pessaire ou tout simplement modifier les sensations d’une phase du cycle à l’autre.

Enfin, certaines femmes ne souhaitent pas avoir à manipuler leur pessaire pendant les règles, soit à cause d’une sensibilité accrue au niveau de la vulve et des muqueuses, soit à cause des pertes menstruelles.

Pour toutes ces raisons, certaines femmes préfèrent retirer leur pessaire pendant la durée de leurs règles.

D’autres adaptent le modèle et la taille à cette période et utilisent un pessaire “spécial fin de cycle” ou “spécial règles” qui optimise le confort. Par exemple, certaines femmes qui utilisent un pessaire Cube habituellement préfèreront utiliser un pessaire Anneau pendant les règles, ou l’inverse. Il peut tout à fait arriver qu’un seul et même pessaire ne convienne pas à toutes les phases de votre cycle.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a pas de règle absolue : chaque femme est unique et il faut avant tout adapter l’utilisation de votre pessaire à vos besoins et à vos préférences.

 

Quel que soit votre choix concernant le port du pessaire, renseignez vous et exercez vous à la manipulation de votre pessaire. Vous en trouverez les clés dans cette section dédiée : guides écrits, guides audios, schémas, on vous dit tout !

Les protections périodiques et le prolapsus

 

Pour certaines, l’un des premiers symptômes du prolapsus est un tampon qui ne reste pas en place. Pour d’autres, le tampon offre un soutien suffisant et prend en quelque sorte le rôle du pessaire pendant les règles.

Si cela est confortable pour vous, vous pouvez tout à fait porter un tampon ou une coupe menstruelle en plus de votre pessaire (en particulier avec des modèles type Anneau ou Dish). Sinon, privilégiez une serviette hygiénique ou une culotte menstruelle.

Attention cependant si vous utilisez une coupe menstruelle, il est primordial de pincer la coupe pour enlever l’effet de succion avant de la retirer. Une mauvaise utilisation de la coupe pourrait éventuellement aggraver les symptômes du prolapsus.

 

En résumé

  • Le cycle menstruel peut jouer sur le prolapsus et les symptômes ressentis.
  • Le pessaire est une bonne solution pour vous accompagner durant les phases symptomatiques, et il est possible d’en adapter l’utilisation aux différentes phases du cycle (voire même d’adapter le modèle et la taille aux phases de votre cycle !)
  • Un pessaire peut tout à fait être utilisé pendant vos règles, parfois même uniquement pendant vos règles.
  • Vous pouvez au contraire choisir d’interrompre l’utilisation du pessaire pendant vos règles : l’important, c’est votre confort !
  • En fonction du pessaire, certaines protections hygiéniques sont plus indiquées que d’autres.

 

Et pour finir, notre conseil pour celles dont les règles et/ou la période pré-menstruelle sont difficiles à gérer : tenez un “journal menstruel” pour suivre votre cycle. Cela vous permettra de retracer, d’anticiper et de mieux comprendre les changements dans vos symptômes liés au prolapsus (et au reste!) et donc de diminuer les désagréments et l’anxiété qui peuvent en résulter 🙂

 

Sources

https://www.urofrance.org/base-bibliographique/role-des-estrogenes-sur-la-physiologie-et-la-physiopathologie-du-bas-appareil

https://www.revmed.ch/RMS/2015/RMS-N-492/Syndrome-de-la-vessie-hyper-active-chez-la-femme-un-defi-de-sante-publique#:~:text=%C5%92strog%C3%A8nes,certains%20sympt%C3%B4mes%20de%20l’HAV

https://www.healthline.com/health-news/does-uterus-double-in-size-during-menstuation#:~:text=According%20to%20Assaf%2C%20the%20book,as%20much%20as%208%20ounces.

Vous êtes à la recherche d’un professionnel de santé ?

Consultez notre annuaire en ligne « Réseau Pessaire ». Il répertorie pour vous les professionnels de santé qui s’identifient auprès de nous comme proposant des consultations pessaires : gynécologues, urologues, kinésithérapeutes, sages-femmes… Trouvez facilement l’accompagnement dont vous avez besoin, près de chez vous.

Envie de mieux comprendre votre corps ?

Découvrez notre sélection d’ouvrages sur la santé sexuelle et pelvienne des femmes, choisis pour leur modernité, leur pertinence scientifique, leur utilité pratique au quotidien, leur faculté à briser les tabous et à dédramatiser, leur richesse artistique, philosophique, poétique.

Laisser un commentaire

Comment choisir ma taille ? 

Le choix du pessaire doit être adapté en fonction de votre morphologie, vos symptômes et vos préférences. La détermination du modèle et de la taille s'effectue par un professionnel de santé en consultation.
Cette consultation se déroule généralement en quatre étapes :

  1. Dialogue avec votre thérapeute pour bien comprendre vos symptômes, vos besoins et vos habitudes
  2. Estimation de la taille grâce à un toucher vaginal avec votre consentement
  3. Essai du pessaire choisi grâce aux étapes 1 et 2 (et renouvellement des essais jusqu'à trouver le pessaire adapté)
  4. Apprentissage de la manipulation du pessaire pour vous permettre d'être autonome

Pourquoi est-il important de réaliser des essais ? 
Tout simplement pour garantir que le pessaire est efficace et confortable d'une part, et d'autre part vous approprier plus facilement votre prise en charge.

Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, n'hésitez pas à consultez notre annuaire en ligne « Réseau Pessaire ». Il répertorie les professionnels de santé qui s’identifient auprès de nous comme proposant des consultations pessaires.

N.B. : Cet annuaire n'est pas exhaustif : le fait qu'un professionnel de santé n'y figure, ne signifie pas qu'il n'est pas apte à vous recevoir en consultation pessaire.